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Enfant, j’aimais observer les murs recouverts de papier peint. Quelques bouts étaient souvent décollés, comme une fuite quelque part… J’aimais repousser ces vieux morceaux de papier pour voir ce qu’il s’y cachait.


Derrière, que se passe-t-il ? Une surface blanche apparaît, vide, mais où se dessine l’imaginaire de celui qui cherche. Un univers onirique, crépusculaire et surréaliste peut naître et se déployer.


De ce geste enfantin, j’ai décidé d’en développer une pratique artistique. En période de confinement, avec le peu de matériel qu’il me restait, j’ai pris les chutes de carton qui ont servi à faire les maquettes. J’ai collé des fragments de papier peint sur mes supports de fortune que j’ai arrachés de manière aléatoire.


Les limites des déchirures et les bouts de papier restants m’évoquent des mondes parallèles. Cette spontanéité du geste résiste aux motifs redondants et agressifs du papier peint, comme un vacarme visuel qui épuise les sens. J’aime montrer cette rivalité, peut-être désagréable pour le spectateur mais évocatrice d’une société où l’utilisation de l’image galvaude nos représentations.


La déchirure, c’est le chagrin de se sentir fréquemment séparé de nous-mêmes et des autres. En cela, le geste devient une révolte contre le fracas étourdissant et épuisant du monde actuel. C’est une recherche poétique de nos sensibilités qui ne crient pas.

Hélène Maris et Lise Irlandes-Guilbault

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